Chevalerie et christianisme aux XIIe et XIIIe siècles - eBook

9782753568426
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La chevalerie prsente deux acceptions, lune sociale et lautre idologique. Dune part, le groupe aristocratique des combattants cheval, et dautre part les valeurs qui lui imposent des comportements spcifiques..

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Devons-nous la mler inextricablement au christianisme ? Les penseurs des XIIe et XIIIe sicles justifient la prpondrance sociale des chevaliers par le pch dAdam et la rupture de lharmonie originelle quil entrane. Ils considrent que les miles lu parmi mille , selon ltymologie dIsidore de Sville ont pour vocation divine de dfendre le faible et de faire rgner la justice, instaurant par les armes la paix. Cette thologie politique marque lvolution de ladoubement, qui emprunte alors lonction royale et aux sacrements chrtiens bien des lments de son rituel. En recevant lpe, dment bnie, et la cole, le nouveau chevalier intgre un ordre, tout comme le clerc est ordonn. La prdication lui rappelle les devoirs spcifiques de ltat quil vient dadopter, en particulier de mitiger sa violence et dexercer sa puissance avec droiture et modration. Elle lencourage partir en croisade pour dfendre la Chrtient. Jusquaux annes 1990, dans leurs analyses sur la chevalerie, les historiens ont repris la trame du discours normatif des clercs, que nous venons brivement de prsenter. Ils ont tenu pour vraisemblable linfluence extrieure de lglise dans la mitigation de la violence nobiliaire, grce linfluence sur le code chevaleresque de la Paix de Dieu et plus largement du message vanglique. Depuis les vingt dernires annes, dautres spcialistes remettent en cause ce modle, remarquant la nature idale des discours des clercs mdivaux sur la chevalerie, quil conviendrait de dconstruire. Ils adoptent lanthropologie culturelle pour mthode afin de conclure que, tout au long du Moyen ge et de faon endogne, la socit guerrire produit ses propres codes de conduite pour pargner les vies de ses membres dans les combats, pour augmenter son honneur et pour affirmer sa domination sur la paysannerie. Toute superficielle, la religiosit des chevaliers ne serait donc pour rien dans lautocontrle de leur violence. Le dbat apparat en toile de fond du prsent ouvrage, o les meilleurs spcialistes de la question se penchent sur les rapports complexes et paradoxaux entre le christianisme et les guerriers nobiliaires. Ils analysent ainsi autant la pit chevaleresque que la part de lglise dans la guerre mene par...